mardi 8 septembre 2015

Wigny, le gardien qui chausse du 48 - lavenir.net

Interview : Mathieu PELTGEN - L'Avenir
Depuis qu’il a rejoint Wellin, durant l’été 2014, Benjamin Wigny 
n’a toujours pas connu la moindre défaite en championnat.

Benjamin Wigny a joué au Standard, à Visé et à Virton, chez les jeunes. À 30 ans, le portier Wellinois a enfin décidé de se faire un nom en P1.

Benjamin Wigny, samedi soir, à Libramont, vous avez maintenu votre équipe dans le match au premier acte. Avez-vous vu, à un moment, le ballon au fond de vos filets?

Oui. Lorsque je repousse la volée de Detaille, un attaquant de Libramont (Ndlr, Clausse) est le premier à la retombée. Là, je m’attends à me faire fusiller. Par chance, il a envoyé le ballon dix mètres au-dessus. Mais mon arrêt le plus compliqué, c’est sur le premier tir de Detaille, dévié par David (Lion). Un gros réflexe.

Vous avez déjà trente ans. Vous n’avez pas le sentiment d’être passé à côté d’une belle carrière?

Mon CV aurait certainement pu être plus reluisant, mais je ne regrette pas mes choix.

Vous avez commencé le foot à Rochefort, avant de filer au Standard. Comment vous avez atterri là-bas?

J’ai tapé dans l’œil d’un visionneur, lors d’un tournoi. Nous sommes plusieurs jeunes de la région à avoir intégré le centre de formation du Standard dans les années 90. Olivier Dambly, Thomas Lebrun, Maxime Baijot, moi…

Impossible de déloger Werner

Vous n’y restez que deux ans. Pourquoi?

Parce que le club m’a fait savoir qu’il n’avait plus besoin de moi. À ce niveau-là, ce n’est pas le joueur qui décide s’il reste ou s’il s’en va. C’est le club. J’étais en concurrence avec Olivier Werner et il était très fort. Impossible de le déloger. Mais j’ai beaucoup appris, notamment au contact de Simon Tahamata (Ndlr, ancien international hollandais, pour ceux qui l’ignorent). C’est une chance d’avoir un entraîneur pareil, quand t’es gamin.

Et donc, vous rebondissez à Visé.

Oui, c’est le Standard qui m’a proposé cette porte de sortie. Une belle expérience, car j’ai eu la chance de m’entraîner avec le noyau A. Mon père passait me cueillir à la sortie de l’école, à Marche, pour me conduire à l’entraînement. Quatre séances par semaine. Comptez les kilomètres! Quand le club a voulu m’imposer un cinquième entraînement hebdomadaire, je suis parti. C’était trop. J’ai donc rejoint Virton, puis Libramont dans la foulée.

Vous y effectuez vos débuts en P1, à 18 ans. Un comitard du club déclare alors à votre sujet: «Pourvu qu’il n’attrape pas la grosse tête et il ira loin.» Quelques mois plus tard, vous filez à Éprave, en P4. Pourquoi?

Parce que je me suis explosé le coude. Je suis resté sur la touche durant plusieurs mois et comme j’habitais à Éprave, j’ai décidé de reprendre du service là-bas. Finalement, mon seul regret, c’est peut-être de ne pas avoir rejoint Wellin plus tôt. Le club m’avait déjà sollicité voici quelques années, lorsqu’il militait déjà en P1.

À Libramont, samedi, vous n’avez quasiment effectué aucun long dégagement. Une demande du coach?

Oui, il insiste pour qu’on reparte au maximum par l’arrière, donc quand c’est possible, je relance vers un défenseur. Personnellement, le jeu au pied ne me fait absolument pas peur.

Vous n’avez pourtant pas un physique de fin technicien…

(rires). Qui plus est, je chausse du 48. En général, je dois monter jusqu’à Namur pour trouver des chaussures de foot à ma taille.

« Un des meilleurs gardiens de P1 »


Ami d’enfance de Benjamin Wigny, Thomas Lebrun n’est pas avare en compliments lorsqu’il parle du portier wellinois. «C’est assurément l’un des meilleurs gardiens de P1 et, pour moi, il aurait facilement pu s’imposer en D3», assure le joueur-entraîneur de Transinne.

Les deux hommes se sont côtoyés au Standard de Liège, fin des années 90. «Il n’a pas eu de bol, reprend Thomas Lebrun. Dans son année, il avait pour concurrents Olivier Werner et Logan Bailly, excusez du peu! Pour moi, il n’avait rien à leur envier, sauf peut-être le jeu en pied. Dans ce domaine, Werner et Bailly étaient encore plus forts.»

Alors que ces deux-là ont percé au plus haut niveau, Benjamin Wigny, lui, a passé l’essentiel de sa carrière en P2 et P3, descendant même jusqu’en P4, à Éprave. Comment expliquer une telle différence de trajectoire? «Après ses passages à Visé, Virton et Libramont, Benjamin a pris goût aux sorties, peut-être un peu trop(rires). En attendant, je ne me fais aucun souci pour Wellin. Avec un tel gardien, les Wellinois seront toujours en P1 la saison prochaine, certifie Thomas Lebrun. Je vais même aller plus loin: s’ils avaient eu Benjamin voici deux saisons, ils ne seraient jamais descendus.»

Xhardez, Dave et Tahamata

Fiche d’identité

Date de naissance: 19/08/1985 (30 ans)

Lieu de naissance: Aye

Domicilié à: Tellin

Taille: 1,88 m. Poids: 83 kg

Point fort: les réflexes

Point faible: les dégagements au pied

Clubs précédents: Rochefort, Standard Visé, Virton, Libramont, Éprave, Nassogne, Transinne.

État civil: en couple avec Amandine, papa d’un petit Milow et d’une petite Lola.

Profession: ouvrier de voirie.

Souvenirs

Meilleur souvenir: «Mes années à Visé. Je m’entraînais avec l’équipe A, aux côtés de Didier Xhardez.»

Meilleur entraîneur: «Chez les jeunes, Simon Tahamata, au Standard. En première, Gaëtan Dave. J’ai rarement pris autant de plaisir aux entraînements que depuis que je suis à Wellin. Les séances sont vraiment chouettes.»